Au cœur des apprentissages, la confiance en soi ou sentiment d’efficacité personnelle.

Cette place centrale de la confiance en soi dans les processus d’apprentissages devient encore plus significative, comme nous allons le voir, pour les individus au profil « atypique » ou, je dirais plutôt, qui s’inscrivent dans la neuro-diversité.
« La confiance des individus en eux-mêmes constitue le fondement de toute motivation humaine et de toute réussite », c’est ainsi qu’Albert Bandura s’exprime sur la confiance en soi à laquelle il a consacré une grosse part de son travail de psychologue. Comment restaurer la confiance chez les individus, leur sens de l’efficacité, telle est la grande question qui a guidé ses travaux de recherche.
Qu’est-ce que la confiance en soi ?
Avoir confiance en soi, se faire confiance, c’est croire en ses capacités. On se situe ici dans le domaine de l’action. Si on ne se fait pas confiance, si on ne croit pas en sa capacité à obtenir les résultats attendus grâce aux actions à mettre en œuvre, il n’y a pas de raison d’agir, de passer intentionnellement à l’action, de persévérer si on rencontre des difficultés ou si des obstacles se mettent en travers de notre route. Avoir confiance en soi ou développer un sentiment d’auto- efficacité, c’est avoir la conviction que l’on peut agir sur les événements, les situations, les faire évoluer dans le sens souhaité. La confiance en soi est source de bien-être et d’épanouissement.
Il s’agit donc d’un système de croyances, d’un ensemble de croyances qui influencent nos choix, nos décisions, notre persévérance dans l’effort et notre façon de nous projeter dans l’avenir.
On mesure rapidement et facilement en effet l’importance de la confiance en soi ou sentiment d’auto- efficacité dans les apprentissages. Ce système de croyances est construit par l’individu lui-même et va avoir un impact sur sa manière de penser, de réfléchir sur lui-même, sur l’estime de soi, sur une approche optimiste ou pessimiste des choses, sur la motivation comme nous l’avons vu, la façon de se confronter à l’adversité quand elle se présente et la sensibilité au stress aussi.
Mais il ne s’agit pas non plus, ne nous y trompons pas, d’une notion qui en reste à la sphère personnelle. On retrouve ce sentiment d’efficacité au niveau collectif. Partager des convictions communes est porteur. Le sentiment d’auto-efficacité se construit en lien avec l’environnement et c’est un élément à prendre sérieusement en compte dans la manière de restaurer et renforcer ce sentiment d’efficacité personnelle.
Comment se construit ce sentiment d’auto-efficacité ?
Le sentiment d’auto-efficacité, pour se construire, s’appuie sur 4 sources : l’expérience, l’observation d’autrui, la persuasion verbale et l’état émotionnel. Le passage en revue d’expériences de réussite ou d’échec, ou vécu comme tel, va renforcer ou amoindrir le sentiment d’efficacité personnelle, d’où l’importance de travailler sur la perception de l’échec pour en tirer un enseignement constructif sans altérer la perception d’auto-efficacité. Ensuite, le fait d’observer quelqu’un d’autre, à compétences égales, en train de réussir incite l’individu à penser qu’il peut en faire autant. Quant à la persuasion verbale, il s’agit là de la conviction transmise par autrui quant à notre sentiment d’auto-efficacité, à condition qu’il s’agisse de quelqu’un à qui nous accordons du crédit. Les encouragements et les feed- back entrent dans cette source d’auto-efficacité. Et pour finir, les émotions : une émotion agréable aura tendance à avoir un impact positif et à être interprétée comme un élément positif de l’expérience contrairement à une émotion perçue comme négative qui risque d’être interprétée comme un élément annonçant un échec. D’où l’importance d’apprendre à gérer stress et émotions dans les situations qui nous tiennent à cœur et qui représentent un enjeu. D’où aussi l’importance de préserver
la notion de plaisir dans les apprentissages pour renforcer et soutenir le sentiment d’auto-efficacité et maintenir la motivation.
Nous comprenons plus facilement pourquoi les individus préfèrent éviter les situations qu’ils ne se sentent pas en mesure de mener à bien. L’évitement devient un moyen de préserver confiance et estime de soi, deux notions très étroitement liées.
Comment renforcer le sentiment d’auto-efficacité ?
Il y a plusieurs pistes, que j’ai abordées lors de la conférence que j’ai animée le 9 novembre dernier à Lourmarin : la valorisation, c’est-à-dire la mise en valeur des réussites, des situations de maîtrise, quel que soit le domaine, pour élargir la vision. Vient aussi le choix des critères et je pense là aux intelligences multiples qui donnent des pistes pour accompagner l’enfant en difficulté en s’appuyant sur ses particularités, pour mettre en place des stratégies d’apprentissage aidantes et encourager la pratique d’activités où il se sentira à l’aise, où il éprouvera du plaisir et de l’autosatisfaction. Tout compte. Puis il y a le regard Pygmalion : quel regard choisissons-nous de porter sur la neuro-diversité, sur les difficultés, sur ce qui nous paraît un échec d’un premier abord ? Quel niveau de confiance choisissons-nous de nous accorder à nous-mêmes pour accompagner notre enfant dans sa différence ?
Qu’est-ce que cela implique en cas de troubles des apprentissages ?
Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons facilement identifier les défis supplémentaires que les enfants (ou adolescents) présentant des troubles des apprentissages (Dys, TDA/H) sont amenés à relever, eux qui ont plus difficilement accès à ces 4 sources d’efficacité personnelle. Ces élèves peuvent être confrontés à l’échec plusieurs fois par jour, recevoir des feed-back maladroits voire blessants. Un sentiment d’injustice peut alors s’installer et la déception les tirailler. Connaissant l’hypersensibilité des profils à Haut Potentiel Intellectuel, nous comprenons que soigner le feed-back devient une priorité. Une autre priorité est celle de reconnaître la qualité du travail fourni, même si les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. L’acquisition des aptitudes, au rythme de l’élève, va l’aider à construire son sentiment d’efficacité personnelle. Le rythme personnel de l’enfant est à prendre en compte.
La notion de perfectionnisme est également à considérer pour faciliter le renforcement de l’auto- efficacité. Comment éprouver ce sentiment d’efficacité personnelle si l’on se fixe des objectifs très ou trop hauts et donc inatteignables ?
Les moments de complicité
Chaque étape franchie, chaque objectif atteint, sera célébré. Reconnaître, célébrer les progrès réalisés viendra renforcer le sentiment d’auto-efficacité et viendra nourrir le besoin de reconnaissance. Les moments de complicité comptent, en famille, entre amis, etc. Il y a les temps de travail et les temps de repos, de jeux, d’amusement. Des moments de travail où l’élève qui présente des troubles des apprentissages mobilise ses ressources pour se mettre à ses devoirs, aller en cours et avancer pas à pas vers son objectif et des moments de détente, de plaisir, de partage où le rire, l’insouciance et le lâcher-prise ont toute leur place. Des moments de complicité pour remplir son réservoir de ressources dans lequel il pourra venir puiser en cas de besoin, sans l’épuiser. Nous connaissons l’importance de l’état émotionnel dans la construction du sentiment d’auto-efficacité mais aussi dans le fonctionnement de la mémoire. L’état émotif occupe une place centrale chez les enfants à haut potentiel intellectuel. C’est le cas aussi pour les enfants Dys, mais on en parle moins.
Passez de bons moments en famille, entre amis, c’est important. Célébrez toutes les réussites !
Sylvie Franco
– Cabinet Slv-Evolution – Avignon, Lourmarin, Lyon, Paris.